Le Gouvernement déconnecté des attentes des saisonniers

Du 10 au 13 juillet, la CGT des Hautes-Alpes a fait le tour des lieux touristiques du département pour rencontrer les saisonniers. L’objectif de cette « Tournée d’été » : informer et sensibiliser sur les droits liés aux contrats saisonniers, mais aussi recueillir la parole des salariés comme des employeurs.

Dresser le bilan des difficultés d’embauche

« Dans cette période où tout le monde communique beaucoup sur les difficultés à trouver de la main d’œuvre en saison, nous déplacer pour rencontrer les acteurs nous permet d’avoir une vision globale pour mieux appréhender la situation. C’est d’autant plus intéressant, car les échanges sur le terrain nous permettent de mesurer à quel point le plain saisonnier proposé début juin par le Gouvernement est déconnecté des attentes et des problématiques que nous rencontrons » explique Julien Bouillé, co-secrétaire général de la CGT des Hautes-Alpes.

Inflation, logement et sens au travail au cœur des préoccupations

Le syndicat met en avant la thématique du pouvoir d’achat, qui revient sans cesse dans les échanges. L’inflation, qui pèse aujourd’hui sur la totalité des foyers, est encore plus durement vécu chez les saisonniers qui sont nombreux à ne pas travailler toute l’année. C’est d’autant plus vrai que dans la plupart des professions, les minimas de branche sont inférieurs au Smic.

Autre constat dressé par la CGT, la problématique du logement que subissent les salariés comme leurs employeurs. Alors même que la Loi Montagne II impose aux communes ou EPCI « touristiques » de conventionner avec l’Etat afin de créer des logements saisonniers, sur le terrain le compte n’y est pas. « Les loyers sont prévus pour les touristes, ils ont encore augmenté cette année. Nous ne trouvons simplement pas où loger nos employés. Actuellement, nous sommes obligés de recruter de préférence ceux qui peuvent dormir dans leur camion » déplore un employeur des Orres.

Dernier thème pointé par la CGT des Hautes-Alpes, les questions de précarité et de sens au travail. « Avec la réforme de l’assurance chômage, il faut travailler 6 mois pour ouvrir ses droits. Or, que ce soit l’été ou l’hiver, une saison ne dure pas 6 mois ce qui ne permet pas aux salariés de pouvoir bénéficier du chômage entre deux périodes de travail. Ils pointent aussi l’absence de sens dans leur travail qui les pousse parfois à se retrouver en conflit éthique. Ils préfèrent s’orienter vers des activités plus pérennes et plus en phase avec leurs préoccupations, notamment environnementales » explique Sandrine, militante de l’organisation.

Un plan « saisonnier » déconnecté des réalités du terrain

Avec son plan « saisonnier », le gouvernement annonce une série de mesurette mais refuse d’affronter les problèmes de fond que les organisations syndicales, comme certaines organisations patronales, pointent. La question des salaires, des conditions de travail, de la durée des contrats est renvoyée à plus tard, alors qu’elle est essentielle : augmenter le Smic et tous les salaires est le meilleur moyen d’attirer des salariés, proposer des CDI quand cela est possible est une priorité.

Des formations express ne répondent pas aux besoins de hausser les qualifications, ni au fort désir de renouveler le sens du travail effectué. La question du logement fait l’objet de quelques annonces : mobilisations des internats ou des chambres étudiantes… Mais calqué à un contexte de saisonnalité en station de ski, elles paraissent aussi absurdes que hors sujet pour tous les acteurs.

L’urgence est ailleurs : repenser le sens du travail, augmenter les salaires, rétablir les droits à l’assurance chômage, lutter contre la spéculation immobilière, développer l’activité et l’emploi localement… La CGT demande au gouvernement de revoir sa copie !

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