Comment avoir le dernier mot face à son tonton de droite

Joyeux Noël ! Avec les fêtes de fin d’année, arrivent aussi les repas de famille parfois longs… Trop longs ! Tellement long que notre grand tonton Jean-Marie, après deux verres en trop, ne peut plus s’empêcher de mettre le sujet de la politique sur la table. Mais pas de panique ! Avec un peu de préparation (de dernière minute) on peut rapidement avoir le dernier mot. Alors, on vous a préparé la réponse toute faite à 8 arguments les plus clichés qui risquent de vous empêcher de digérer votre repas du réveillon. Un petit guide d’auto-défense à garder sous la main jusqu’à l’année prochaine.

Sommaire

  • 1 – Les faignants et les assistés ruinent la France !
  • 2 – On est plus nombreux, on vit plus vieux, il faudra forcément travailler plus.
  • 3 – Et le grand remplacement alors ? On va pas manger du couscous à Noël !
  • 4 – Les migrants touchent 40 euros par jour et ils ont une carte bleue payée par nos impôts.
  • 5 – Pour augmenter les salaires, il faut baisser les charges.
  • 6 – Les gens n’ont plus envie de travailler. Le voisin du beau-frère de ma cousine n’arrive pas à trouver de serveur pour la saison d’hiver.
  • 7 – Changeons le système pas le climat ? C’est pas les capitalistes qui font la météo…
  • 8 – Les cheminots sont encore en grève, ils adorent faire chier le monde

« Les faignants et les assistés ruinent la France ! »

Fraudes au RSA, aux prestations sociales, trou de la sécu, arnaque à l’assurance-chômage… Les pauvres nous coûteraient un pognon de dingue. Et les chiffres confirment que ces fraudes existent bel et bien. Elles se chiffrent à 800 Millions pour la fraude au RSA, 149 Millions pour la fraude aux arrêts-maladie et 119 Millions pour la fraude aux prestations familiales. 1 point pour tonton. Mais vous n’êtes pas encore à terre. Ce qu’on ne dit jamais c’est que 40% des gens ne font pas appel aux aides auxquelles ils ont droit, les raisons de ce non-recours sont multiples, mais la première d’entre elles est la méconnaissance des dispositifs. Enfin, et pour remettre la boucherie au centre du village, il faut parler du type de fraude qui fait vraiment un gros trou dans le budget du pays : la fraude fiscale. Et là, les ordres de grandeurs parlent d’eux-mêmes : 23 Milliards d’euros de fraude aux impôts sur les sociétés (soit 33 fois plus que la fraude au RSA), 14 Milliards d’euros de fraude aux cotisations patronales et enfin 17 Milliards de fraude à l’impôt sur le revenu. Et pour enfoncer le clou, sachez que la France se situe dans la moyenne de l’Union Européenne en termes de versement de prestations.

« Retraite : on est plus nombreux, on vit plus vieux, il faudra forcément travailler plus. »

Jackpot ! Vous venez d’entendre LA république de saison. La première chose à savoir, c’est que notre système de retraite est à l’équilibre financier jusqu’en 2070. Ce n’est pas la CGT qui le dit, mais le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) qui est sous la tutelle du Premier Ministre (quand même…). Et après 2070, tout s’écroule ? Hé bien, non, la simulation du COR ne va simplement pas plus loin. Autre info clé : un actif sur 2 qui a l’âge d’arriver en retraite n’est déjà plus dans l’emploi. Il y a 300 000 chômeurs de plus de 60 ans et plus de 400 000 de moins de 25. Travailler plus longtemps aura un effet : aggraver le chômage aux deux extrémités de la vie active. C’est à dire pour les jeunes et les seniors. Et soyons francs, est-ce que tonton Jean-Marie aurait vraiment envie de bosser jusqu’à 65 ans alors qu’il a cotisé toute sa vie ?

Vous en voulez encore ? On a réuni tous les arguments pour avoir réponse à tout sur les retraites.

« Et le grand remplacement alors ? On va pas manger du couscous à Noël ! »

La peur de l’étranger est l’un des piliers de la droite (extrême ou pas). Mais qu’en est-il vraiment ? Est-on en train de se faire « grand-remplacer » ? Si tonton Jean-Marie a bien écouté CNews ces derniers mois, il va sûrement vous attaquer sur les chiffres, en mettant en avant que le premier quinquennat Macron à vu arriver 2 Millions d’immigrés « chez nous ». Pourtant, ce chiffre est aussi bidon que les idées de tonton, car il ne prend ni en compte les gens en transit, ni les départs et pas même les décès. Avec toutes ces données, l’Insee affiche un résultat plus proche de 140 000 personnes par an, dont une partie sont des étudiants ou des expatriés venus d’Europe ou d’Amérique. Même les chiffres ne peuvent pas donner raison à cet argumentaire… Mais puisqu’il est question d’écarter toute une part de la population, et si les racistes allaient manger sur la terrasse, sous la neige ?

« Les migrants touchent 40 euros par jour et ont une carte bleue payée avec nos impôts. »

Là, tonton saute à pieds joints dans le monde des fake-news. Et face à ça, la meilleure arme, ce sont les faits ! L’aide journalière versée est de 6,80€ par jour (204€ par mois) si la personne est hébergée et de 11,50€ (345€ par mois) si elle ne l’est pas. Elle n’est donnée qu’à la condition d’être enregistré comme demandeur d’asile. Elle est bien versée sur une carte magnétique, qui n’a rien d’une carte bancaire puisqu’elle est créditée. L’aide journalière en question est versée sur une carte magnétique, qui n’est pas une carte bancaire, puisqu’elle permet de retirer la somme créditée dessus, ni plus, ni moins.

Alors tonton, t’en as d’autres des inventions en bois de sapin ? Parce que, si on se met à parler de ce que financent nos impôts, on peut peut-être évoquer le premier budget d’assistanat de l’état : les aides aux entreprises, et notamment aux grands groupes. En tout, l’État verse 157 Milliards (9 zéros !) d’aides aux entreprises par an. C’est 5 fois le budget qui leur était alloué à la fin des années 90, 2 fois le budget de l’éducation nationale, et même, 5 fois a dette des hôpitaux. Le tout versé sans aucune contre-partie de création d’emplois ni d’interdiction de versement des dividendes. Alors tonton, c’est qui les assistés ?

« Pour augmenter les salaires, il faut baisser les charges. »

« Soutenir les travailleurs en augmentant les salaires nets et en baissant les charges » est LA solution de tonton pour faire face à tout ce qui nous arrive, à commencer par l’inflation. Mais ce qu’il oublie, c’est que ces fameuses « charges » correspondent aux cotisations salariales. C’est notre salaire, le brut, mais du salaire quand même. Car ces cotisations servent à financer notre système. Les supprimer, à terme, c’est dérembourser les soins médicaux, dentaires, les médicaments, certains actes, c’est faire baisser les retraites, les prestations familiales, les APL, l’assurance-chômage et tout le reste. L’illusion d’une augmentation de pouvoir d’achat au bas de la feuille de paye est bien vite balayée par l’augmentation du coût de la vie qui en résulte après coup. Et c’est nous tous, tonton y compris, les dindons de la farce, car c’est le manque de moyens pour financer les retraites ou le chômage qui est mis en avant pour justifier des réformes qui nous impactent tous.

« Les gens n’ont plus envie de travailler. Le voisin du beau-frère de ma cousine n’arrive pas à trouver de serveur pour la saison d’hiver. »

Au troisième trimestre de l’année 2022, 2,3 millions de personnes étaient au chômage en France. Le nombre d’emplois non pourvus lui, n’est que de 372 100. A la question de la qualité des emplois et des conditions de travail pas toujours correctes s’ajoute celle du salaire. Le refus systématiquement du gouvernement des partis de droite et d’extrême droite d’augmenter le SMIC, alors même que l’inflation galope et que le coût du carburant augmente considérablement, augmentent les situations précaires.

Du côté des emplois saisonniers, plusieurs coupables :

– La réforme de l’assurance-chômage qui impose d’avoir travaillé au moins 6 mois pour ouvrir ses droits (contre 4 auparavant). Et devinez combien de temps dure une saison touristique ? … Hé oui, 4 mois, quand ce n’est pas moins en hiver à cause du réchauffement climatique.

– De réelles difficultés de logement : en décembre 2016, le Parlement a adopté la « loi Montagne 2 » , qui comporte tout un volet dédié à ce sujet. Le document stipule que les stations ont l’obligation d’établir un diagnostic des besoins en logement et de déployer des moyens en ce sens. Aujourd’hui, à peine 10% des stations répondent à cette obligation. Résultat : les saisonniers ne peuvent pas se loger là où ils travaillent à des prix abordables.

« Changeons le système pas le climat ? C’est pas les capitalistes qui font la météo… »

Certes, ils n’ont pas inventé la machine, bien joué tonton. En revanche, on sait que 100 entreprises seulement sont responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre. Alors, oui, elles polluent, mais ce n’est pas tout… Elles font également en sorte d’organisé et d’entretenir notre dépendance aux énergies fossiles grâce à un bel arsenal d’armes telles que la corruption, le greenwashing, le lobbying, et même en sponsorisant des clubs de foot ! De leurs côtés, les plus riches sont (et de très loin) les plus pollueurs. Une personne appartenant aux 0,01 % les plus riches de la population mondiale (environ 771 000 personnes), émettait en moyenne 2 332 tonnes d’équivalents CO2 en 2019, quand une personne appartenant à la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en a émis que 1,4. La moyenne mondiale s’établit, elle, à 6 tonnes.

Et ça, ça ne concerne que la limite planétaire du climat. Quant à savoir s’il faut réexpliquer (encore) à tonton le lien entre émissions de gaz à effet de serre et dérèglement climatique, chacun est libre d’en juger.

« Les cheminots sont encore en grève, ils adorent faire chier le monde ! »

Celle-là aussi, elle est de saison. Et elle a la particularité de marcher aussi pour les profs, les éboueurs, les personnels de l’aviation et tout salarié utilisant son droit de faire grève. « Droit », vous avez dit ? Hé bien, oui, parce que c’est un droit et non un caprice. Ce qu’il faut que tonton comprenne, c’est qu’aucun salarié ne prend son pied à faire grève. Pas même un seul. En premier lieu, parce qu’il perd de l’argent (hé oui, quand on fait grève, on n’est pas payé…). Ensuite parce que la grève n’est que le sommet visible d’un énorme iceberg de discutions et de négociations qui ont échouées, obligeant les salariés à user de ce droit. C’est d’ailleurs en usant du droit de grève que les français ont obtenus une grande partie de leurs acquis comme, notamment, les congés payés dont tonton a profité allégrement pendant toute sa carrière.

Et bien sur, vous en aurez d’autres. Alors n’hésitez pas à nous en faire profiter en commentaire.

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