Courrier, ce qui change (vraiment) en 2023

Le 1er janvier 2023, La Poste lancera sa « nouvelle gamme courrier » censée offrir à ses clients un courrier « plus écologique qui répond à l’évolution des usages ». Derrière des arguments vendeurs, la CGT de La Poste interpelle les usagers sur les dégradations du service qui devrait en découler.

Du courrier seulement deux fois par semaine

Si aujourd’hui une mission de service public lie La Poste à l’État en lui imposant une livraison quotidienne du courrier, 6 jours sur 7, les termes du contrat évoluent le 1er janvier. Alors que les facteurs continueront de travailler 6 jours sur 7, la distribution du courrier passe en « J+3 ». Concrètement, les usagers qui n’attendent pas de colis devront se contenter de voir passer le facteur un jour sur trois, c’est-à-dire deux fois par semaine seulement.

À ce qu’ils estiment être une régression, les militants de la CGT opposent la nécessité d’une distribution quotidienne du courrier et, à ce titre, la garantie du droit à la distribution tous les jours, 6 jours sur 7.

La mort du timbre rouge

Dès janvier, l’envoi d’une lettre prioritaire se fera systématiquement en ligne, via le site de La Poste. Le fameux timbre rouge, garantissant une livraison en 24H, cesse d’exister physiquement pour être dématérialisé et devenir la e-lettre rouge.

Alors que selon une étude récente de l’INSEE, 16.5% de la population française souffre d’illectronisme, ou d’incapacité à se servir des outils numériques, La Poste fait le choix de priver une part conséquente de la population de ses services. C’est notamment le cas pour les plus de 75 ans, pour qui le chiffre grimpe même à 67,2%. C’est pourtant une population que la Poste prétend vouloir soigner avec le service payant « Veiller sur mes parents ». Hypocrisie ou maladresse, chacun pourra juger. Seront privés de service également tous les Haut-Alpins ayant la malchance de résider en zone blanche.

À rebours de ces choix, la CGT interpelle La Poste en mettant en avant la nécessité de maintenir des services de proximité, avec du personnel pour accompagner les usagers qui en ont besoin au quotidien. Aux yeux de l’organisation, la dématérialisation qui augmente à La Poste n’est pas sans poser problème. Alors que même dans les guichets, les usagers sont amenés à faire eux-mêmes leurs opérations via les automates, la CGT met en avant la nécessité de ramener de l’humain dans ces services normalement vecteurs de lien.

Un argument écologique qui ne tient pas la route

La Poste communique massivement en annonçant la suppression du transport des lettres prioritaires par avion qui sera remplacé par l’impression de la lettre au plus près du destinataire. Mais les avions en question ne cesseront pas pour autant de sillonner le ciel puisque ce sont les mêmes qui acheminent les colis Chronopost de l’entreprise.

En numérisant son timbre rouge, La Poste prévoit donc de réduire de 25% ses émissions de CO2. Malheureusement, ces calculs n’intègrent pas l’impact numérique de la nouvelle offre mise en avant par La Poste qui est loin de rendre son timbre neutre. Dans le monde, le numérique et le poids de la data représentent 4% des émissions de gaz à effet de serre, chiffre qui ne cesse d’augmenter.

L’organisation syndicale revendique donc de réaffecter le tri du courrier en local. « Ce n’est pas normal que pour envoyer une lettre de Romette à Gap, cette dernière aille transiter par Marseille. Cette solution éviterait à ce courrier local de faire presque 400 km pour être distribué. Il est temps d’arrêter le greenwashing et raisonner avec bon sens » déplore Sophie Babu, co-secrétaire générale de la CGT Fapt (fédération des activités postales et de télécommunication) des Hautes-Alpes.

Alors que sur son site La Poste met elle-même en avant des camions parfois peu remplis entre certaines destinations, la CGT prône le recours au train pour acheminer le courrier sur les rails de façon vraiment propre et écologique.

La fin du facteur ?

Cette nouvelle gamme courrier va forcément avoir un réel impact sur l’emploi. Et pour cause, là où le facteur distribuait le courrier tous les jours dans le même village, il ne passera plus que deux fois par semaine. Les quatre autres jours, il sera donc affecté à d’autres tournées, laissant donc à La Poste la possibilité de diminuer son nombre de facteurs par deux, voir par trois.

Mais les facteurs ne sont que la partie visible de l’iceberg. L’impression des lettres rouges au plus près du destinataire va nécessairement impliquer la réduction du flux de courrier dans les plates-formes de tri et risque d’entraîner rapidement la remise en cause de certaines d’entre elles. Dans certaines villes, elles sont pourtant garantes de nombreux emplois et donc des éléments importants du dynamisme économique de territoire. Car, la CGT le rappelle, chaque destruction d’emploi entraîne potentiellement le départ de toute une famille et a un impact fort sur toute la vie locale.

Un service public postal de qualité, pour tous

La CGT craint donc que 2023 soit une année importante de dégradation des services offerts par La Poste, remplaçant les services de proximité par des automates ou des services en ligne.

Soucieuse de ne pas se contenter de s’opposer à ces transformations, l’organisation met en avant plusieurs propositions destinées à redonner un visage humain et à remettre la proximité au cœur des métiers de La Poste pour garantir un vrai service public postal de qualité pour tous et sur tout le territoire.

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