Les organisations syndicales interpellent les parlementaires des Hautes-Alpes

L’intersyndicale départementale se félicite de la réussite de la journée d’action du 16 février, ainsi que de l’ampleur des mobilisations depuis le 19 janvier dans notre département comme au plan national. Les millions de gens qui manifestent dans tout le pays, des milliers dans les Hautes-Alpes, expriment la voix de la majorité de la population et des travailleuses et travailleurs qui rejettent le projet gouvernemental de réforme des retraites. Le gouvernement ultra minoritaire et les parlementaires doivent entendre la voix de la majorité qui ne veut pas des 64 ans, ni des 43 annuités.

L’intersyndicale départementale fait sien l’appel national des confédérations : « Enfin, si malgré tout le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation  populaire, l’intersyndicale appellerait les travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.e.s à durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs dès le 7 mars prochain. L’intersyndicale se saisira du 8 mars, journée internationale de luttes pour les droits des femmes pour mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme envers les femmes. »

C’est pour interpeller les parlementaires du département que les 8 organisations syndicales publient une lettre ouverte qui leur est destinée :


Madame Pascale Boyer, Monsieur Joël Giraud, Monsieur Jean-Michel Arnaud,

L’intersyndicale composée de la totalité des organisations syndicales de salariés des Hautes-Alpes, et profondément unie dans le rejet du projet de réforme des retraites, souhaite vous interpeller de façon très solennelle et grave sur la crise politique et sociale que traverse actuellement notre pays, en raison de l’entêtement incompréhensible du gouvernement.

Il n’est jamais inutile de répéter les raisons de la colère. Les arguments portés par l’intersyndicale nationale sont solides, justes. Aujourd’hui, ils sont repris par l’immense majorité des médias, des expertes et experts.

Ils ont convaincu l’opinion publique et ne peuvent, Madame et Messieurs les parlementaires, avoir échappé à votre sagacité.

Notre système de retraites par répartition, auquel nous sommes très attachés, n’est pas menacé et l’exécutif dramatise la situation de manière caricaturale. En effet, il intègre notamment à ses calculs, le poids des pensions des fonctionnaires sous financé par l’État, ce qui est une hérésie. L’objectif est de faire une réforme budgétaire en ne sollicitant que les efforts des travailleurs, sans jamais remettre en cause des aides aux entreprises sans aucune contrepartie, la baisse permanente des impôts sur les entreprises, le renoncement à la lutte contre l’optimisation fiscale ou encore la course à l’extravagance financière qui déséquilibre chaque jour un peu plus la répartition des richesses.

Cette présentation caricaturale d’un besoin urgent de réforme du système des retraites se pare d’intentions nobles, toutes plus fausses les unes que les autres. Ce projet serait ainsi, selon le gouvernement, une réforme de justice sociale favorable aux femmes, aux petits revenus et permettant une avancée notoire avec un minimum vieillesse porté à 1200 euros…

La vérité est toute autre. Les femmes comptent parmi les grandes victimes de cette réforme avec l’annulation de l’effet bonificateur des maternités, les travailleurs et travailleuses ayant commencé à travailler tôt vont travailler encore davantage et seule une petite partie des retraité.e.s sera concernée par la mesure des 1200 euros mensuels. Le reste des mesures d’accompagnement de la disposition phare du recul de l’âge et de l’accélération de la reforme Touraine, ne sont que des tentatives d’amortissement des conséquences de cette disposition injuste.

La chance et le drame du pays c’est que les citoyennes et citoyens, salarié.e.s, et fonctionnaires se sont aperçus des contre-vérités, en même temps qu’ils ne se découvraient aucune appétence pour travailler dans des organisations où ils se sentent très souvent indésirables dès 55 ans.

C’est une chance parce qu’ils le manifestent, dans des cortèges d’une importance inédite à Paris et en Province, par la signature d’une pétition ayant reçu à ce jour un million de signatures, par des réponses aux nombreux sondages témoignant chaque semaine davantage du rejet massif par la population de cette réforme.

C’est un drame parce que le gouvernement reste sourd à une argumentation technique solide, ancrée dans la réalité du travail. Le gouvernement reste sourd à cette volonté populaire et l’incompréhension a laissé place à l’indignation, ainsi qu’à la colère dans un contexte d’après-pandémie, de guerre en Europe, de baisse du pouvoir d’achat et de crainte généralisée pour l’avenir.

C’est la raison pour laquelle, Madame et Messieurs les parlementaires, l’intersyndicale se tourne vers vous, la représentation nationale. Comme vous le savez, dans les Hautes-Alpes, les manifestations ont atteint des niveaux de participation qui n’avait pas été vu depuis Mai 68 aussi bien à Gap qu’à Briançon. Nous sommes persuadés que jamais vous n’aurez une occasion plus belle de prouver que votre travail consiste à relayer dans l’Hémicycle les aspirations des citoyennes et citoyens, qu’en vous opposant à cette réforme.

Il ne s’agit pas seulement d’empêcher l’adoption et la mise en place d’un dispositif injuste, il s’agit également de redonner à la Nation, confiance dans la réalité et la vigueur de sa démocratie et de maintenir une cohésion sociale menacée sur tous les territoires.

Nous vous demandons donc solennellement de voter le rejet de ce projet de loi et plus particulièrement son article 7. Nos représentantes et représentants sont, si vous le pensez utile, disponibles pour vous rencontrer et vous exposer nos positions argumentées et vous convaincre.

 

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